Jean-Marc Nattier (Paris, 1685 - 1766) - Portrait de Charlotte de Hesse-Rheinfels

45000 €
Époque : XVIIème siècle
Provenance : Paris, France
Matériaux : huile sur toile
Signature : Jean-Marc Nattier (Paris, 1685 - 1766)
Dimensions : h. 133 cm, l. 121 cm
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Jean-Marc Nattier (Paris, 1685 - 1766) et son atelier

Portrait de Charlotte de Hesse-Rheinfels

 Huile sur toile : h. 112 cm, l. 97 cm

 Cadre d'époque XVIIIème siècle en bois doré et sculpté

 Dimensions encadré : h. 133 cm, l. 121 cm

 Charlotte de Hesse-Rheinfels (1714-1741), fille du landgrave Ernest-Léopold de Hesse-Rheinfels-Rotenbourg et d'Éléonore de Lowenstein-Wertheim et Kazazyan, fut princesse de Condé par son mariage en 1728 avec le duc Louis-Henri de Bourbon-Condé dit Monsieur le Duc.

La princesse est portraiturée assise sur une marquise de bois doré garni de velours rouge framboise, le corps positionné de face tandis que le visage est tourné de trois quarts à gauche. Le visage au regard songeur et pensif est éveillé par ses larges yeux gris, la peau translucide aux joues fardées accentue l’effet d’une exécution fondue du modelé. Ses cheveux poudrés et attachés sont ornés d’un voile orangée qui redescend sur ses épaules. La séparation s’estompe entre les cheveux poudrés et le visage. Vêtue d’une robe de satin jaune mordoré agrémenté de multiples rangs de volants de dentelles blanches et noirs au corsage et aux manches, le décolleté de sa robe découvre sa gorge dénudée. Le manteau d’hermine doublé de velours bleu est posé derrière ses épaules, les pans du manteau reviennent sur l’avant et sont disposés en plis angulaires sur ses genoux. De sa main droite, bras fléchi au coude, elle caresse son petit chien, tandis que le bras gauche posé sur l’accoudoir du fauteuil est étendu et l’index de sa main ouverte pointe  vers la droite. Les positions des bras et de la tête génèrent une illusion de mouvement en diagonale permettant de rompre le caractère statique de portrait. Cet étirement des bras à l’horizontale est caractéristique des œuvres de Nattier, la figure prend ainsi de l’ampleur dans le tableau en y occupant une plus large place. Ce procédé exécuté en mettant en avant l’élégance de gestuelle raffinée accroît la grâce naturelle de la jeune femme. Le fond architectural sobre est composé d’une colonne drapé de rideau vert et de pilastres aplatis aux chapiteaux ioniens. La lumière venant de droite éclaire partiellement la figure, laissant la partie gauche dans l’ombre. Illuminée, la robe de la jeune femme renvoie des reflets dorés aux tonalités chaudes orangées, tandis que le velours du manteau brisé en plis anguleux révèle sa surface à travers des crêtes blanches glaciales. Cette opposition ne fait qu’accentuer les volumes et les textures des étoffes. Les traits de visage sous un subtil effet de flou paraissent plus adoucis alors que les carnations d’une blancheur nacrée semblent illuminées d’un rayonnement intérieur.

Œuvres en rapport :

Notre œuvre est une variante du tableau exécuté par Jean-Marc Nattier, conservée au Musée des Beaux-Arts de Buenos-Aires en Argentine. Signé et daté, mais la date illisible ne permet pas d’établir de datation précise.

Dans notre version la robe au corset de dentelles est préférée au déshabillé de la version de Buenos Aires, la console est absente. Le petit chien au nœud rouge est ajouté sur les genoux.

Les Condés sont des premiers princes de sang parmi les clients de Jean-Marc Nattier. Il commence à travailler en 1729 pour les sœurs de Louis Henri de Bourbon, Mlle de Clermont et peint par la suite le portrait de Mlle de Charolais en 1731. C’est fort probable que c’est à cette période, ravi par la qualité des portraits de ses sœurs, que le prince de Condé commande à Nattier le portrait de son épouse Charlotte. Sollicité dans les années 1740 par la famille royale, Jean Marc Nattier reviendra peindre de nouveau les Condés en 1753 & 1754.

Il n’y pas de traces du portrait signé de Buenos Aires dans les inventaires de la famille Condé. Sa provenance connue remonte seulement au milieu du XXème siècle.

Quant à notre portrait, il apparaît en 1905 à Paris dans une vente publique lors de la  dispersion de la collection du compte de R… sans plus d’indications sur sa provenance intérieure. Resté sans doute sur le marché de l’art parisien, l’œuvre sera achetée dans les années 1930 par un riche industriel anglais pour sa résidence monégasque et restera dans sa descendance jusqu’aux nos jours.

 Jean-Marc Nattier (Paris, 1685 - 1766)

Fils de portraitiste et élève de Rigaud, Nattier débute dans la carrière de peintre d'histoire sous l'influence de Charles Le Brun et sous la tutelle de son parrain, Jean Jouvenet. Lors d'un séjour en Hollande, il est pressenti pour travailler pour le tsar Pierre le Grand. En 1718, il est reçu à l'Académie. Son style est alors celui de la grande tradition française. Il utilise les ressources du cadre architectural et de l'expression grandiloquente des personnages ; son chromatisme est franc. Mais Nattier ne connaît pas le succès ; sa ruine au moment de la banqueroute de Law l'oblige à se tourner vers le genre plus lucratif du portrait. En 1728, il peint sur commande le maréchal de Saxe et connaît dès lors une certaine faveur. C'est, à plus de quarante ans, le début d'une nouvelle carrière qui s'affirme avec le Portrait de Mlle de Clermont prenant les eaux (1729). Par le choix du propos comme par les moyens picturaux, il instaure une nouvelle façon de présenter le portrait, dans lequel la haute société du milieu du XVIIIe siècle veut se reconnaître, qui a eu la faveur des grands amateurs du XIXe siècle. Élégance de la pose, fraîcheur et clarté du coloris, fantaisie du rendu des accessoires s'ajoutent à l'expression sereine et joyeuse des visages féminins. Des œuvres superficielles, mais agréables à l'œil. Le type du portrait mythologique est désormais adopté par les dames de l'aristocratie et Nattier connaît pendant une douzaine d'années le succès parisien. Plus tard, reçu à la cour, il devient le portraitiste de la famille royale. La fameuse série des portraits des filles de Louis XV participe d'un effort de recréation du portrait par l'intégration d'une image d'actualité au monde poétique de l'Olympe. Nattier rejoint ainsi les chemins de la peinture d'histoire, spéculative et synthétique : l'univers recréé dans les portraits (tel celui de Madame Henriette en Flore) rejoint les nobles données de l'allégorie. 

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